Glandasse le pestel: "Babel"
250m , 8a max, 7b+ obl, E4F1, I
P.Mussatto en solo du bas
Là , on touche à la perfection . j'y peux rien . J'étais là ce jour là , il a fallu que cela tombe sur moi.
L'ouverture de Babel m'a fait jeter l'encre sur le papier , et les amarres en plein été . Epris de cette tige démoniaque , impatient d'aller affronter ce pilier lisse , on l'aurait appelé directissime, si cela avait eu lieu dans les seventies, j'étais parti tenter le diable en solo . Comme par hasard , le pestel avait déjà vu passé quelques loups solitaires. Pourquoi ? pourquoi cette immense doigt pointant le ciel , dérangeant le paysage autour duquel s'articule toutes les parois voisines avait-il conduit autant d'hommes au face à face avec eux-même?
Cela avait été épique bien sûr . Hervé m'avait assuré pour planter les trois premiers points . J'étais revenu ensuite avec armes et bagages passer plus haut . cela avait été chaud , chaud bouillant comme cette arrivée au premier relais, prises trempées par une soudaine averse, belle fuite en avant qui m'avait fait sortir le meilleur de moi-même.
Seconde longueur à peine mieux avec toujours en fin de longueur un passage sans retour possible. En solo j'aime pas les aller simples!
un peu plus haut sur mes crochets, devant un spit que j'essaie rapidement d'enfoncer, mon marteau perd sa tête, immédiatement la mienne suit ce mouvement belliqueux et m'oblige au demi tour , le spit enfoncé par touchettes délicates mais néanmoins convaincues de leurs utilités. Le Lourd matos de bivouac laissé sur place, me voici de retour en vallée en quête d'un nouveau marteau.
Une semaine plus tard , rebelote avec cette fois deux têtes plus têtues je l'espère. j'affronte maintenant la longueur la plus raide sur un rocher juste touché par l'eau . d'en bas il est impossible de croire que cela puisse passer . c'est collé ,le nez sur ce cylindre qu'on découvre un crible de petits trous. Là c'est pour moi de l'artif sur crochets entrecoupé de pose des spits . 45m pendu en plein ciel . Il faut bien le dire 45m c'est long ! , quand à chaque fois, rebelote il faut monter sur les crochets et soutenir mordicus un mental faiblissant en proie à l'angoisse du truc qui lâche soudainement.
Je hais l'artif : on se sait pas quand cela va lâcher. La tension est dans cette attente du "sblinng..." , claquement métallique sec qu'on entend résonner jusque dans les articulations au moment ou tout s'arrache. Avec patience on y arrive toujours d'un tremblement à un autre , d'une attente de rupture à une autre.
45m plus haut .relais pendu plein gaz . Aucune vire . C'est lisse .
Au-dessus m'attendent la fausse fissure et ces infâmes cannelures verticales sur un rocher gris bleuté constellé de fleurs de lichens blancs. J'arrive au paradis , 45 m plus haut , passé à la machine de l'angoisse et rincé par les jets d'adrénaline accumulés , je me vautre enfin sur une petite marche 50m sous le sommet.
Je reviendrais avec Luc ouvrir la dernière un peu plus décontracté.puis dans l'année qui suivit , avec Arnaud Petit , Hervé ; Lolo, Laurent et Remy et décide de rectifier l'équipement , je tronçonne les grandes longueurs dures, place deux relais intermédiaires et rajoute des points dans l2 et L3 afin de rendre plus accessible la voie.
Enchainer toutes les longueurs est partagé avec Luc . Grand moment d'escalade. Les pieds sont mis à rude épreuve l'escalade technique impose précision et continuité.
L'ouverture de Babel confirmera la place du rocher dans ma vie. Certes pas très humainement défendable .Quelle valeur lui donner ? mais bon , les conflits de matières eux, sont simples à comprendre et résoudre.
L1 : 7c+ longueur qui surprendra à froid , bi , mono, pieds pas très bons, mur du haut rési. Ca tend les arbalettes!
L2 : 7b+ technique et réglettes solidifiées dans le haut
L3: 8a dément ! petits trous puis réglettes, technique et rési sur la fin.
L4: 7c+ mur gris très raide, physique sur trous et canneluretrès beau
L5: 7c après tronçonnage de la longueur c'est plus abordable. cannelures techniques ,superbe fin.
L6 : 7b à ne pas sous estimer!
Descente:en rappel dans la voie
bonne grimpe !
vue de dessous ! c'est balaise le bisou !
Mr Dedé dans la longueur démente en 8a
le même moins frileux
l'ouvreur dans le dernier passage dur , ( reste encore un 7b )